Sahel poésie

samedi 2 mai 2020

. Ghaïsha

Tableau peinture d'une reine touareg



 Poèmes de Kourman agg-elselisu
traduit du tamacheq au français par:
 Moussa Albarka et dominique Casajus.


 Ghaïsha, voici l’heure où la torpeur du jour
Gagne les campements… 
Et j’entonne mon chant.
 L’amble de mon chameau me donne la cadence.
 J’ai traversé le bois, mon âme était paisible.
 À la nuit j’ai atteint Adalak endormi ;

Tous les jeunes galants étaient rentrés chez eux.
 J’ai approché sans bruit de celle qu’ils chérissent ;
 Mon chameau a fait halte en gardant le silence
Il sait qu’en blatérant il me compromettrait.
 J’ai frôlé de ma main une épaule endormie ;
Se sentant effleurée, elle s’est repliée
Sous sa tunique, en se couvrant jusqu’à ses pieds.
 « Ami, m’a t-elle dit, j’ai attendu en vain
 À l’heure où les galants devisaient avec feu ;
 Tous se pressaient ici ; même les jeunes serfs
Riant sans retenue, étaient de l’assemblée.
 Mais toi, pendant ce temps, tu as laissé la nuit
S’assombrir doucement :
 la lune et les étoiles
Glissaient vers le couchant et les vieillards dormaient.
Qu’ai-je à faire, ai-je dit, de ces vains bavardages ?
Que peut en espérer celui qui s’y consacre ?
Je m’en vais, malgré moi, aviver ta souffrance :
Je te prie d’enfourcher ton chameau bien dressé ;
Mais sache cependant, je le dis devant Dieu,
 Que je n’aime que toi et ceux qui te sont proches.
 Les galants, ce tantôt, se montraient tous anxieux
 De médire sur toi – aucun ne s’en privait.
 On croyait des lions avides de ta chair ;
 Voyant le sang perler, ils perdaient tout scrupule ;
Leurs propos t’accablaient, rivalisant de haine.
Je peux imaginer leur perfide babil,
 Mais laisse-les parler, ils sont tous méprisables,
Où donc est le bâton dont ils me frapperaient ?
 Dès qu’ils m’apercevront, ils fuiront aussitôt.
[Écoute-moi plutôt,] je ne t’oublierai pas
Avant que vienne l’heure où, au fond du tombeau,
Sept ans après ma mort,
ma chair sera dissoute
Et mes os en poussière. »

 Ah ! je sais maintenant
 Que rien n’a plus de prix qu’un méhari fidèle,
 Dont la bosse est dressée et les flancs sont tendus,
Pareils à une natte à la trame serrée,
Sur lequel est sanglée une selle à sa taille,
 Qui sait hâter le pas, dès qu’il te voit lever
La racine d’absegh qui te sert de cravache.
 Alors, tu vas ta route, aimant celle qui t’aime,
 Le pas de ton chameau troublant seul le silence.

In (Moussa Albaka, Dominique Casajus. Trois poèmes touaregs de la région d’Agadez. Awal (Cahiers
d’études berbères), Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1988, pp.145-163. ￿halshs-01070999￿
)

mercredi 29 avril 2020

Ramadan




Un regard vers le ciel,
A la recherche de la grâce.
A la recherche de la belle.
De la plus belle des lunes.
Une fois par ans elle point et luit.
Elle luit d'une lueur bénit.
De la lumière du mois sacré.
Moi de paix et de purification.
Soit le bienvenu
Notre très cher hôte Ramadan.
Le meilleur mois de l’année,
Dans lequel figure le meilleur jour de l'année.



Nuit du destin nuit céleste.
Oh Dieu quelle paix  après tant de tumulte
Quelle soif après une dure journée d'abstinence,
Mais quelle joie après chaque rupture.
Y'ah Ramadan soit bénit.
Mois de soumission, moi d’espoir.
Par toi je rouvre mon cœur.
Par toi  je réaffirme ma foi.
Par toi je redécouvre le goût.
Bon séjour parmi nous ya Ramadan,
oh toi mois de récitation.

A peine que tu es là, que tu nous manque déjà.
Car tout début a une fin.
Mais soit bénit oh Ramadan.
Pour toi nous aurons toujours
Une hospitalité sans faille
Digne des dignes jeûneurs.
Car tu es apaisement et acte de foi
Car tu es Ramadan Kareem.





Par A.R Moubarak
In (Le mal de vivre)

samedi 25 avril 2020

Le pélerin

   
                         Le pélerin


 Le vent étire les nuages dans le ciel ensanglanté du crépuscule,
Marche, marche au loin un maigre homme.
À sa main calleuse un balluchon,
Et, son visage épuisé par un soleil brûlant.
Aucun oiseau ne s'en approche,
Seule la chaleur du soleil berce son nid.
Loins des siens, l'espoir lui avait promis une vie meilleure.
Loin de la guerre, loin de la famine et loin de la misère des éleveurs(...)
Mais voici que le désert las de porter son fardeau l'avale tout doucement au fond de sa gorge.


               In Ballet de fleurs. Baye Zennou Almoustapha