jeudi 28 mai 2020
Je dis hurrah! La vieille négritude
Progressivement se cadavérise
l'horizon se défait , recule et s'élargit
et voici parmi des déchirements de nuages la fulgurance d'un signe
Le négrier craque de toute part...
Son ventre se convulse et résonne ...
L'affreux ténia de sa cargaison ronge les boyaux fétides de l'étrange nourrisson des mers!
Et ni l'allégresse des voiles gonflées comme une poche de doublons rebondie, ni les tours joués à la sottise dangereuse des frégates policières ne l'empêchent t'entendre la menace de ses grondements intestins
En vain pour s'en distraire le capitaine pend à sa gand'vergue le nègre le plus braillard ou le jette à la mer, ou le livre à l'appétit de ses molosses
La négraille aux senteurs d'oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté
Et elle est debout la négraille
La négraille assise
inattendument debout
Debout dans la cale
Debout dans les cabines
Debout sur le pont
Debout sous le soleil
Debout dans le sang
debout
Et
Libre
debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes girant en la dérivé parfaite
et la voici :
Plus inattendument debout
debout dans le cordages
debout bout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles
Debout
Et
Libre
et le navire lustral s'avancer impavide sur les eaux écroulées.
Aimé Césaire
Extrait de (Cahier d'un retour au pays natal),
Édition presence Africaine.
lundi 25 mai 2020
L’arc-en-ciel du sahel
Drapeau du Niger |
Brille de mille feux.
Pays de mille lieux.
Peuple de la paix, peuple du sahel.
Nation multiethniques et multicolores.
Brille de mille feux.
Pays du milieu.
Peuple du sahel au drapeau flamboyant.
Brille de mille feux, l’arc-en-ciel de ma patrie.
Brille de mille feux.
Peuple du Sahara aux mythiques dunes poétiques.
Je vous aime oh peuple de l’honneur,
Peuple d’amour à la symbolique croix.
Brille de mile feux.
Peuples pacifique à la légendaire hospitalité.
Peuple du fleuve chantant la paix jusqu’aux confins du “Park W”.
Brille de mille feux.
Nation forte aux héros légendaires.
Peuple homogène sortit de l’hétérogène.
Union de mille forces et sagesses de nos aïeux.
Brille de mille feux.
Terre natale, terre des hommes du sahel.
Moubarak. A. R
In ( L'arc-en-ciel du sahel )
samedi 23 mai 2020
Hier
Hier
Pas plus tard qu'hier
Depuis ma case aussi ronde que la terre
Me parvenaient les mille et un messages naturels
Aujourd'hui
J'ai tout renié dans cette << TOUR INFERNALE >>
Hier
Hier encore
J'étais tout oreille à l'enseignement
Ruisselant de la sagesse ancestrale
Aujourd'hui
Je n'ai d'yeux que pour ces livres indus
Hier
C'était bien hier
J'appelais frère
Le petit-fils du frère de mon grand-père
Aujourd'hui
A peine je l'appel << cousin éloigné >>
Hier
Oui c'était bien hier
A l'orée du village
Je conduisais le vieil aveugle
Aujourd'hui
I've no time
Hier seulement j'étais
Aujourd'hui qui suis-je?
Poème de Dogo Mayaki
In (le lendemain des humains)
mercredi 20 mai 2020
L’enfant en moi
Je me rappel
de lui encore.
Comme si
c’était hier, tôt le matin.
A l’heur où
le coq chante; Il chante avec lui.
Il chante
avec l’aurore.
Il célèbre
la naissance d’un nouveau soleil,
D’un nouveau
matin.
Je me rappel
de lui.
Dans la
sensation et dans le goût de la brise matinale.
Dans
l’explosion des couleurs,
Dans ces
petits yeux de môme.
Admirant
toujours son milieu.
Toujours de plus en plus curieux.
Je me rappel
de lui.
De ces
fous-rires, aimant jouer
Jusqu’à tard
dans la journée.
Son plus
grand rêve était de grandir.
Sa plus grande
crainte était de casser ou perdre un jouet.
D’entendre
les mots : vas te laver !
Je me rappel
de lui .
Quand tard
la nuit, Il se perd dans le ciel et dans les étoiles.
Dans des
rêves de plus pharaoniques.
Ah la vie ne
me force pas à l’oublier.
J’ai tant besoin
de lui.
Il me rappel
que tout est possible.
Que tout vas
bien.
In (Non classé)
samedi 16 mai 2020
Tandis qu’ils dorment tous, je dis mon chant d’amour.
Poèmes de Kourman agg-elselisu
traduit du tamacheq au français par:
Moussa Albarka et dominique Casajus.
Tandis qu’ils dorment tous, je dis mon chant d’amour.
Des pensées en grand nombre à l’envi me poursuivent,
Soufflées par le démon ténébreux dont tourmentent
Mon âme à l’agonie les murmures fétides ;
Je le vois qui frémit, s’avançant devant moi.
Il est aussi cruel qu’une hyène à collier
Ou que le sanglier se vautrant dans la fange,
La hure hérissée et dardant ses défenses,
Lorsqu’il me dit tout bas : « Je sais pour cette nuit
Quels tendres entretiens nous donnerait l’amie
Dont la bouche mignonne [en s’entrouvrant découvre,]
Des dents que leur blancheur rend pour toi plus précieuses
Que les brins ajourés d’un tissu de coton. »
J’enlace [dans mon rêve] un cou que lui envie
La gazelle paissant sur les terres herbeuses.
Huilés et torsadés, ses cheveux sont pareils
À la corde tressée dans la laine des chèvres.
Sa peau luit comme un champ sur la haute colline,
Quand les nuées gonflées déversent à l’aplomb,
Au milieu des éclairs, une pluie ruisselante,
Dont s’abreuve et se lave une steppe assoiffée.
Ah ! j’aime son visage, entre joues et sourcils.
Ah ! elle m’a frappé d’un dard empoisonné,
Me laissant à mon mal et aux plaies qui me rongent.
Est-ce un aigle qui plane au-dessus de ma tête
Escorté de corbeaux croassants et avides ?
Attendant la curée, les voici qui se posent.
Comme un fauve affamé, l’aigle d’abord s’avance ;
Dans mon sang il se baigne et son bec est dressé,
De ses serres il ouvre une plaie douloureuse
Tandis qu’entre mes flancs mes entrailles s’épanchent.
Comme si ce démon avait entendu l’aigle
Il le frappe soudain d’une épée à sa taille.
La vision se dissipe en un froissement d’ailes.
J’approche mon chameau et je saisis sa selle,
Puis en serre la sangle adaptée à son flanc,
Prêt à le cravacher d’un rameau de gommier.
In (Moussa Albaka, Dominique Casajus. Trois poèmes touaregs de la région d’Agadez. Awal (Cahiers
d’études berbères), Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1988, pp.145-163. halshs-01070999)
d’études berbères), Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1988, pp.145-163. halshs-01070999)
dimanche 10 mai 2020
Le rêve d'une fleure
Le matin du ciel m'a fleuri.
Tel un mirage , reflet d'or argenté,
Au bord d'un lac paisible.
Une fleure de lys m'a souris de plus belle.
Beauté au coin des mes cils,
Musiques des lyres, rayons du zèle.
Musiques des lyres, rayons du zèle.
Beauté délicate au soin de l'Éternel.
Beauté si lisse au caresse de la rosée matinale.
Beauté délice, délicate au contour de ficelles.
oh ma prunelle accepte mes larmes
comme mon humble sacrifice finale.
mardi 5 mai 2020
J’ai rencontré l’amour
J’ai rencontré l’amour.
Ni top tôt, ni trop
tard.
Dans ce sentiment bizarre,
Aussi vieux que le mot inventé pour le designer
J’ai rencontré l’amour.
Tôt le matin en allant
vers les champs des fleurs.
Dans le parfum des
roses trémières
Et dans la douceur des
la rosée.
J’ai rencontré l’amour.
Au détour d’une ruelle,
Dans la béatitude d’un
sourire,
Célébrant la vie.
J’ai rencontré l’amour.
Plus d’une fois, ça et
là.
Dans des endroits
inattendus,
Tout comme dans les
guets-apens que je lui ai tendus.
J’ai rencontré l’amour
Dans les tréfonds de ma
chaire,
Au creux des désires électriques
Qui glissent sur mes
lèvres
Et vibrent à fleur de
ma peau.
J’ai rencontré l’amour
Quand hors de toute
passion
J’ai accepté de
l’idéaliser.
J’ai rencontré l’amour.
Dans les partages sans intérêts précis
Et dans les blessures
qu’il m ‘a infligé.
J’ai rencontré l’amour.
Dans les excuses
faites ou acceptées.
Mais aussi dans les
pardons des trahisons
Car le cœur à aussi ses
maladies.
J’ai rencontré l’amour,
Ah Dieu merci j’ai rencontré la vie.
Par A.R.Moubarak
In ( le mal de vivre)
samedi 2 mai 2020
. Ghaïsha
Tableau peinture d'une reine touareg |
Poèmes de Kourman agg-elselisu
traduit du tamacheq au français par:
Moussa Albarka et dominique Casajus.
Ghaïsha, voici l’heure où la torpeur du jour
Gagne les campements…
Gagne les campements…
Et j’entonne mon chant.
L’amble de mon chameau me donne la cadence.
J’ai traversé le bois, mon âme était
paisible.
À la nuit j’ai atteint Adalak endormi ;
Tous les jeunes galants étaient rentrés chez eux.
J’ai approché sans bruit de celle qu’ils chérissent ;
Mon chameau a fait halte en gardant le silence
Il sait qu’en blatérant il me compromettrait.
J’ai frôlé de ma main une épaule endormie ;
Se sentant effleurée, elle s’est repliée
Sous sa tunique, en se couvrant jusqu’à ses pieds.
« Ami, m’a t-elle dit, j’ai attendu en vain
À l’heure où les galants devisaient avec feu ;
Tous se
pressaient ici ; même les jeunes serfs
Riant sans retenue, étaient de l’assemblée.
Mais toi, pendant ce temps, tu as laissé la nuit
S’assombrir doucement :
la lune et les étoiles
Glissaient vers le couchant et les vieillards dormaient.
Qu’ai-je à faire, ai-je dit, de ces vains bavardages ?
Que peut en espérer celui qui s’y consacre ?
Je m’en vais, malgré moi, aviver ta souffrance :
Je te prie d’enfourcher ton chameau bien dressé ;
Mais sache cependant, je le dis devant Dieu,
Riant sans retenue, étaient de l’assemblée.
Mais toi, pendant ce temps, tu as laissé la nuit
S’assombrir doucement :
la lune et les étoiles
Glissaient vers le couchant et les vieillards dormaient.
Qu’ai-je à faire, ai-je dit, de ces vains bavardages ?
Que peut en espérer celui qui s’y consacre ?
Je m’en vais, malgré moi, aviver ta souffrance :
Je te prie d’enfourcher ton chameau bien dressé ;
Mais sache cependant, je le dis devant Dieu,
Que je
n’aime que toi et ceux qui te sont proches.
Les galants,
ce tantôt, se montraient tous anxieux
De médire sur toi – aucun ne s’en privait.
On croyait des lions avides de ta chair ;
Voyant le sang perler, ils perdaient tout scrupule ;
Leurs propos t’accablaient, rivalisant de haine.
Je peux imaginer leur perfide babil,
Mais laisse-les parler, ils sont tous méprisables,
Où donc est le bâton dont ils me frapperaient ?
Dès qu’ils m’apercevront, ils fuiront aussitôt.
[Écoute-moi plutôt,] je ne t’oublierai pas
Avant que vienne l’heure où, au fond du tombeau,
Sept ans après ma mort,
ma chair sera dissoute
Et mes os en poussière. »
De médire sur toi – aucun ne s’en privait.
On croyait des lions avides de ta chair ;
Voyant le sang perler, ils perdaient tout scrupule ;
Leurs propos t’accablaient, rivalisant de haine.
Je peux imaginer leur perfide babil,
Mais laisse-les parler, ils sont tous méprisables,
Où donc est le bâton dont ils me frapperaient ?
Dès qu’ils m’apercevront, ils fuiront aussitôt.
[Écoute-moi plutôt,] je ne t’oublierai pas
Avant que vienne l’heure où, au fond du tombeau,
Sept ans après ma mort,
ma chair sera dissoute
Et mes os en poussière. »
Ah ! je sais maintenant
Que rien n’a plus de prix qu’un méhari fidèle,
Dont la bosse est dressée et les flancs sont tendus,
Pareils à une natte à la trame serrée,
Sur lequel est sanglée une selle à sa taille,
Qui sait hâter le pas, dès qu’il te voit lever
La racine d’absegh qui te sert de cravache.
Alors, tu vas ta route, aimant celle qui t’aime,
Le pas de ton chameau troublant seul le silence.
In (Moussa Albaka, Dominique Casajus. Trois poèmes touaregs de la région d’Agadez. Awal (Cahiers
d’études berbères), Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1988, pp.145-163. halshs-01070999)
d’études berbères), Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1988, pp.145-163. halshs-01070999)
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