Sahel poésie

samedi 6 juin 2020

Hommage à Thomas Sankara



Comment dire cette chose
Si mourir devient
Mourir seulement
Vivre ne sera
Plus que vivre.
Une mort s’est mêlée
De crier
Voici l’entêtement
Naïf d’un sang surcousu
Comment accuser
La loi pour meurtre
Cette mort qui déprotège
Les vivants
Voici Napoléon bis
N’ayez pas peur
Nous aurons un jour
Dieu pour prothèse
Sankara est mort
Qui peut tuer la fulgurance
Mes pauvres bêtes
Vous vous êtes trompés
D’assassinat
La mort vous en voudra
De la prendre
Pour une conne.
Par Sony Labou Tansi 
In ( non classé )

lundi 1 juin 2020

Les leçons du Covid



A cet  âge de la couronne d’ozone  en feu,
C’est bien  le  fameux Coronna
Qui sonne le glas
Les hommes, tels des virus microscopiques
Habitants orgueilleux d’une boule de neige
Sont  à juste titre têtues.

‘’Sourds, muets et aveugles ‘’.
Pourtant ils crient à tue-tête ,
Ils crient jusqu’au ciel : Nous sommes dieu.
Ivres de leurs puissances
Et savourant inlassablement le doux son des échos,
Ces mirages d’un peu de sciences
Et utopie du contrôle.
« L’homme a dompté la nature », se répètent- ils sans cesse

Mais l’an deux mille dix neuf
Finissait avec des dits neufs
Et nous voilà tous à jouer la comédie
De ‘’ tous unis ’’ dans la maladie.
Qu’importe la couleur ou la race ,
Qu’importe les frontières ou les croyances.
La boule de neige se contamine, comme un œuf.

Et puis nous voilà tous à écouter, sur toutes les ondes, les sons des échos vides
Ces échos de la  maladie et  de la mort  qui évide.
Ces échos de «  Restez chez vous », dehors il y-a la Covid
Et à  contempler une bataille,  à peine commencée, gagnée par des chaos vide
O hommes apprenez donc de la leçon du Covid.
Il dit : ne me mépriser point cher hôte
Car ne voyez-vous pas nos ressemblances ?
Réchauffement climatique ; asphyxie de la planète : c’est vous !
 Réchauffement du corps ; asphyxie des poumons : c’est moi !
Voyons les dieux odieux de carrière,
 Qu’avez-vous donc à porter des muselières ?

La raison est bien une  barrière
Et la mort la seule  bannière
Universelle, reconnaissable sur  toutes les  frontières.
De la leçon du Covid
Résonne le son des échos vides
Silence des villes et des rues morbides
Procrastination des projets, même les plus torrides
Confinement général et une peur bleue dans tous les bides
A la recherche d’une victoire lâche
Dans un combat de cache-cache.
O maitre de l’équilibre rajuste nous la tâche
Car Si  «  la nature à horreur du vide » et des lâches,
Elle à aussi horreur de l’excès qui fâchent.

Par: Moubarak.A.R
In ( non classé )

jeudi 28 mai 2020



Je dis hurrah! La vieille négritude
Progressivement se cadavérise
l'horizon se défait , recule et s'élargit
et voici parmi des déchirements de nuages la fulgurance d'un signe
Le négrier craque de toute part...
Son ventre se convulse et résonne ...
L'affreux ténia de sa cargaison ronge les boyaux fétides de l'étrange nourrisson des mers!
Et ni l'allégresse des voiles gonflées comme une poche de doublons rebondie, ni les tours joués  à la sottise dangereuse des frégates policières ne l'empêchent t'entendre la menace de ses grondements intestins

En vain pour s'en distraire le capitaine pend à sa gand'vergue le nègre le plus braillard ou le jette à la mer,  ou le livre à l'appétit de ses molosses
La négraille aux senteurs d'oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté

Et elle est debout la négraille

La négraille assise
inattendument debout
Debout dans la cale
Debout dans les cabines
Debout sur le pont
Debout sous le soleil
Debout dans le sang
       debout
                  Et
                    Libre
debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes girant en la dérivé parfaite
et la voici :
Plus inattendument debout
debout dans le cordages
debout bout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles

Debout
            Et
               Libre
et le navire lustral s'avancer impavide sur les eaux écroulées.

Aimé Césaire
Extrait de  (Cahier d'un retour au pays natal),
Édition presence Africaine.