Sahel poésie

dimanche 18 octobre 2020

La journée du pauvre

A l'aube quand le coq chante la vie qui annonce son 

impitoyable compétition, 

Faufilant entre les corps frêles de tes gosses endormis, 

 Tu te demandes s’ils sont morts ou seulement assoupis… 

Ton boubou en lambeaux s’accroche à la palissade épineuse ; 

Dérisoire rempart contre les regards moqueurs des  passants… 

L’air pur du matin jette un voile mélancolique dans  l’iris de tes yeux boursouflés… 

 Un pas incertain te mène vers l’horizon zéro où nulle  dignité ne germe 

Quarante années déjà que tu traînes dans les ravins stériles de l’indigence 

Sans emploi, sans avenir, le présent te fait mal aux yeux 

Les réponses à tes demandes d’emploi sentent toujours mauvais

Et les questions au destin jamais envoyées …  Souffre en silence et espère jusqu’au bout de ton parcours !

Poème de Inoussa Yunus Ocquet

    In ( unknow)



mercredi 14 octobre 2020

Sahel

Cordon de terre du centre de l'Afrique 

Toi qui m'as reçu dans ton nid, emmailloté, 

Et caressé par un bout de ton feuillage, 

Je t'ai vu décrépir de tes fleurs 

Et l'amour s'éteindre en bourgeon. 

Impuissant, je t'ai pleuré. 

Jadis vert, 

Le vent issu des naseaux du désert 

Fait sécher les feuilles et flétrir les herbes. 

Ta peau pelée porte encore quelques arbres rabougris 

Témoins de ta gloire d'antan. 

Une paysanne aux pieds nus,

Accablée de marche et de fardeau,

Se repose sous le maigre ombrage 

De tes timides piquants.

Ton sol dépecé se coiffe par endroits 

de touffes et d'arbustes chétifs.

Triste sort que le tien ! 

L’œil perçoit sans peine l’horizon

Et l’iris pétille sous la lueur du soleil,

Impitoyable et dévastateur conquérant.

Point de troupeaux qui rentrent le soir,

Point d’oiseaux qui bercent le réveil au matin

Le destin t’a rendu mortuaire,

L’hirondelle passe ses vacances ailleurs.

Des aigrettes ayant perdu leurs maîtresses

S’envolent par rangée d’angles obtus

Et, par un incessant battement d’ailes,

Du haut du ciel, t’envoient leur dernier adieu.

Seul un oisillon s’arrête de fatigue

Pour prendre refuge au portail d’un cadavre,


En rappelant du cortège, par des chants plaintifs,

Sa mère pèlerine.

Que ne vois-je encore ?

Des femmes à dos d’ânes,

Avec des rejetons à leurs dos

Et des marmots au-devant comme des mères-kangourous,

Emportant leurs plus utiles appareillages,

Abandonner le sol natal pour une aventure.

 

 

        Poème de Albert ISSA

In  « Ballade poétique », La pensée universelle, Paris, 1996.



samedi 10 octobre 2020

Princesse

Oui, Princesse !

le peuple a une âme et un génie.
O belle princesse !
c’est à l’âme du peuple
qu’il faut te marier,
te marier, princesse.
Les princes, les princesses,
chez nous,
naissent de l’amour du peuple.
Oui, Princesse !
la coutume est perfectible.
Elle ne peut l’être que
par l’action d’un prince
ou d’une princesse
qui incarnent le génie
de leurs peuples

      Boubou Hama,
In (Extrait de Contes et Légendes du Niger t.1)